Discrimination par l’âge, ou âgisme : de quoi parle-t-on ?

Discrimination par l’âge ou âgisme

L’âgisme rime avec sexisme. Les deux termes ont plus que la rime en commun : l’aspect discriminatoire. En effet, l’âgisme est considéré comme une forme de discrimination, responsable de bon nombre de désavantages sociaux, d’une certaine forme d’isolement social des personnes âgées, de préjudices et d’injustices. On fait le point.

Une brève histoire de l’âgisme

L’âgisme est un concept théorisé dès 1969 par Robert N. Butler, psychiatre et gérontologue américain, auquel on prête l’invention du mot dans son essai « Why Survive ? Being old in America ». Par âgisme, Robert Butler décrit la discrimination dont sont victimes les personnes âgées, tout en invitant à la réflexion sur le vieillissement de la population, et à la prise en compte des seniors. En parallèle, il interpelle les pouvoirs publics pour qu’ils viennent en aide aux personnes âgées, notamment en encourageant les études gériatriques. Aujourd’hui, force est de constater que l’âgisme a dépassé le cadre des seniors, touchant tous les autres groupes d’âge (ados, quadras, jeunes…), même si la loi stipule clairement que les discriminations basées sur l’âge peuvent entraîner des poursuites pénales.

Tous égaux face à la vieillesse ?

Pas tout à fait. Mais globalement, il y a unanimité sur le fait que nous vieillissons mieux qu’avant. Il faut aussi rappeler que la vieillesse, ça se passe aussi dans la tête. « On peut être très vieux à 31 ans, comme on peut être très jeune à 101 ans, comme Edgar Morin », explique Véronique Lefevbre des Noëttes, psychiatre spécialisée en gériatrie, et autrice de Vieillir n’est pas un crime ! Pour en finir avec l’âgisme.

Elle explique également que « la gériatrie commence à 75 ans. Eh bien, la plupart des gens vieillissent très bien. Alors on n’est pas un esprit et un corps, on est un esprit habitant un corps. Donc bien évidemment aussi, on a des pathologies vasculaires, des problèmes de cœurs, des problèmes de diabète, de surpoids pour vieillir un petit peu moins bien. On peut tout à fait bien vieillir et c’est ça qu’il faut développer ». Pour autant, il ne faut pas considérer la vieillesse comme une maladie. D’autant plus qu’on vieillit de mieux en mieux, grâce notamment aux progrès de la médecine et ceux liés à l’hygiène de vie.

discrimination basée sur l’âge

Quel regard sur les seniors ?

S’il n’est pas forcément négatif, le regard porté sur les personnes âgées n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de positif. C’est en tout cas ce que pense Véronique Lefevbre des Noëttes : « Vous avez des regards de mépris, de ségrégation, mais parfois on les protège trop. Finalement, les vieux, on dit qu’ils sont fragiles. Mais non, les vieux ne sont pas tous fragiles, pas du tout, loin s’en faut. Donc on n’a pas à les protéger, les surprotéger ».

La psychiatre pointe particulièrement du doigt le traitement des personnes âgées en EHPAD qui, pour elle, pose problème : « Dans les EHPAD, on ne s’occupe de rien. On les surconfine, mais on fait le minimum, c’est-à-dire qu’on va les laver, leur donner à manger, mais pas s’occuper d’eux comme des êtres humains ».

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