Envie de troquer votre manteau d’hiver contre un maillot de bain sous un soleil tropical ? On vous le dit tout de suite, c’est bien plus qu’une simple quête de soleil et de chaleur ! Ici, on sait que l’attrait pour une évasion hivernale dans un pays touche à quelque chose de plus profond… Suivez le fil pour comprendre pourquoi cet appel du pays chaud en hiver est si irrésistible !
Entre besoin de repos et imaginaire social
L’hiver est là, et avec lui, la fatigue s’installe, indéniablement… Finis les repas de fêtes, il est temps de penser à se reposer, et pas forcément quand les beaux jours arrivent. Comme le soulignait Sylvie Royan-Parola dans La Croix en 2012, notre corps est naturellement plus actif en été, alors l’hiver devrait être notre saison de repos, particulièrement en décembre et janvier.
Alors, prendre des vacances, oui, mais quelles vacances choisir ? La tendance chez les CSP+ de partir au soleil en hiver n’est pas qu’une question de besoin de lumière. C’est un imaginaire fort qui nous attire vers ces destinations ensoleillées. Pourtant, comme le note l’anthropologue Saskia Cousin, co-auteure de « Sociologie du tourisme », le besoin de lumière est surtout marketing en France, bien que réel dans les pays nordiques. C’est une construction sociale, médiatisée, mais finalement concrétisée par une minorité.
Jean Viard, sociologue et auteur de « Le triomphe d’une utopie », ajoute que les vacances au soleil en hiver sont liées à un imaginaire érotique et social. En effet, dans notre société, être légèrement hâlé est presque une norme sociale. Le bronzage devient donc un signe d’appartenance. Selon Saskia Cousin, c’est aussi une question de distinction sociale : raconter des vacances aux Maldives ou profiter des autres trésors de l’océan indien a plus de prestige que de parler d’un Noël en famille en Berry !
Déconnexion : pourquoi les pays chauds en hiver sont plus séduisants que la montagne ?
L’hiver, les destinations chaudes séduisent de plus en plus, supplantant même les classiques vacances à la montagne et faisant le bonheur des agences de voyages. A ce niveau, Jean Viard pointe un facteur clé : le coût ! « On est en train de remplacer un peu les sports d’hiver par des vacances au Sud, notamment en raison du low-cost. Il devient moins cher de partir au soleil que d’aller au ski, qui est devenu plus cher ».
Le ski, autrefois ludique, est aujourd’hui perçu comme un sport compétitif, excluant les moins sportifs ou ceux qui n’ont pas le budget. « Cette culture de compétition et de fric fait que les braves gens ne vont plus au ski », déplore Viard. Ce changement culturel rompt avec le traditionnel été à la mer, hiver à la montagne, créant une « dessaisonalisation » comparable à manger des tomates en décembre. Ce désir de changement, de rupture avec le quotidien, est un puissant moteur. Comme le dit un ami ivoirien de Saskia Cousin, l’attrait pour un pays chaud est une quête de « hors quotidien ». Et dans une société où le couple et la famille se redéfinissent, les vacances deviennent des moments privilégiés pour se retrouver…
Enfin, se reposer signifie aussi se déconnecter. Partir loin, où les coûts d’itinérance dissuadent de consulter constamment ses emails, permet une véritable coupure. « Le stress ne se repose pas de la même façon que la fatigue physique », explique un spécialiste. Toutefois, Saskia Cousin nuance : s’évader dans un pays chaud ne résoudra pas les problèmes de souffrance au travail. C’est une échappatoire temporaire, mais pas une solution définitive.